).

Qu’est-ce que vous voulez! Il faut qu’on mange à la maison. Je ne peux plus dessiner, je ne peux plus écrire… Dicter?… Mais quoi?… Je n’ai rien dans la tête, moi; je n’invente rien. Mon métier, c’était de voir les grimaces de Paris et de les faire; à présent il n’y a plus moyen… Alors j’ai pensé à un bureau de tabac; pas sur les boulevards, bien entendu. Je n’ai pas droit à cette faveur, n’étant ni mère de danseuse, ni veuve d’officier supérieur. Non! simplement un petit bureau de province, quelque part, bien loin, dans un coin des Vosges.

J’aurai une forte pipe en porcelaine (у меня будет толстая фарфоровая трубка; fort – сильный, крепкий; прочный; толстый; porcelaine, f – фарфор); je m’appellerai Hans ou Zébédé, comme dans Erckmann-Chatrian (я буду зваться Гансом или Зебеде, как у Эркмана-Шатриана), et je me consolerai de ne plus écrire (и буду утешаться, что больше не пишу = из-за невозможности писать; se consoler) en faisant des cornets de tabac avec les œuvres de mes contemporains (делая кульки для табака из произведений моих современников; cornet, m – рожок, дудочка; кулек; œuvre, f – дело, труд; произведение, сочинение).

«Voilà tout ce que je demande (вот и все, о чем я прошу). Pas grand-chose, n’est-ce pas (немногого, не так ли)?… Eh bien, c’est le diable pour y arriver (так вот, не так-то просто /этого/ добиться; diable, m – черт; c’est le diable pour – нелегко, непросто; arriver – прибывать; доводить дело; преуспевать)… Pourtant les protections ne devraient pas me manquer (однако в протекциях у меня не должно бы быть недостатка; protection, f). J’étais très lancé autrefois (я был очень известен раньше; lancé – известный: «запущенный»; принятый в обществе; lancer – бросать, кидать, метать: lancer une flèche – пустить стрелу; вводить /в свет, в моду, в обращение/; сделать известным). Je dînais chez le maréchal (я обедал у маршала; dîner – ужинать; /уст./ обедать), chez le prince (у принца), chez les ministres (у министров); tous ces gens-là voulaient m’avoir (все эти люди хотели меня заполучить; avoir – иметь; обладать; получить) parce que je les amusais ou qu’ils avaient peur de moi (потому что я их развлекал или /потому что/ они боялись меня; amuser – забавлять; развлекать; peur, f – страх; avoir peur – бояться).

J’aurai une forte pipe en porcelaine; je m’appellerai Hans ou Zébédé, comme dans Erckmann-Chatrian, et je me consolerai de ne plus écrire en faisant des cornets de tabac avec les œuvres de mes contemporains.

«Voilà tout ce que je demande. Pas grand-chose, n’est-ce pas?… Eh bien, c’est le diable pour y arriver… Pourtant les protections ne devraient pas me manquer. J’étais très lancé autrefois. Je dînais chez le maréchal, chez le prince, chez les ministres; tous ces gens-là voulaient m’avoir parce que je les amusais ou qu’ils avaient peur de moi.

À présent, je ne fais plus peur à personne (теперь никто меня не боится: «я больше не внушаю страха никому»). Ô mes yeux, mes pauvres yeux (ах, мои глаза, мои бедные глаза)! Et l’on ne m’invite nulle part (и меня /больше/ не приглашают никуда; inviter; nulle part – нигде, никуда). C’est si triste une tête d’aveugle à table (это так печально – слепой за столом: «голова слепого за столом»). Passez-moi le pain, je vous prie (передайте мне хлеб, я вас прошу = пожалуйста; passer – переправляться; передавать, давать)… Ah! les bandits (ах! разбойники!) ! ils me l’auront fait payer cher ce malheureux bureau de tabac (дорого мне обойдется эта несчастная табачная лавка: «они меня заставят платить дорого за эту несчастную лавку»)